Psychologie sociale, morceaux choisis - LES ÉMOTIONS EN PSYCHOTHÉRAPIE

Publié le par Sophie

lecture complémentaire : "Émotion et psychothérapie" de Pierre Philippot

lecture complémentaire : "Émotion et psychothérapie" de Pierre Philippot

Voici un nouveau sujet de réflexion proposé pendant le module de psychologie que je vous invite à découvrir aujourd'hui... La question est de connaître la place et le rôle des émotions en psychothérapie. À vous d'y réfléchir !

Les émotions, définies comme une multitude de phénomènes que le sens commun a regroupés, sont omniprésentes dans la vie quotidienne de tout un chacun, dans tous les domaines de la vie privée ou publique. De nos jours, elles sont même utilisées dans la publicité comme arguments de vente pour le yaourt avivant des émotions subtiles jusqu'aux voitures, pourvoyeuses d'émotions par excellence en passant par les boissons qui libèrent les émotions, les vêtements qui les expriment ou les vacances qui les procurent... Dans la société contemporaine, on ne vend plus un produit mais bel et bien une émotion !

 

Malgré cela, peu de théoriciens de la psychothérapie ont accordé aux processus émotionnels un rôle central dans leur modèle d'intervention. Heureusement, ce manque de considération pour les émotions est en voie de disparition grâce aux développements les plus récents de la psychothérapie.

Klaus Scherer et Howard Leventhal ont ainsi travaillé sur une théorie cognitive des émotions (1984), Barlow s'est penché sur le déclenchement de l'anxiété (2002), Leslie Greenberg a proposé une thérapie centrée sur les émotions (2002) basée sur celle de Rogers centrée sur la personne (1975) et Teasdale (2004) ainsi que Hayes, Follette & Linchan (2004) de la troisième vague des thérapies comportementales et cognitives, se sont intéressés à la reconnaissance et l'acceptation des émotions.

D'après Carl Rogers, les attitudes et sentiments du thérapeute sont bien plus importants que ses orientations théoriques car c'est ce que son interlocuteur va percevoir et ressentir qui va définir la relation patient-thérapeute. Ainsi, Rogers va s'attacher à créer une atmosphère chaleureuse, respectueuse propice au dialogue où le client se sentira en toute confiance et n'aura pas peur d'être jugé. Avec le sentiment d'être totalement accepté, il sera prêt à explorer ce qu'il est vraiment, libre d'aller vers de nouvelles potentialités pour vivre une "vie pleine".

L'attitude thérapeutique recommandée par Greenberg dans le cadre de la TCE (2002) va également dans le sens des idées rogeriennes. Le thérapeute émotionnel est ainsi défini par Greenberg comme "un coach entraînant son client dans la découverte et le changement de ses émotions".

En effet, si les sentiments émanant du thérapeute sont importants, ceux animant le patient le sont encore plus. Il est primordial que le thérapeute puisse les percevoir, les analyser et les comprendre afin d'aider le patient. Les réponses émotionnelles du patient (expressions faciales, posture, prosodie et tout le champ non-verbal) aident le thérapeute à comprendre l'état interne de son patient, bien plus, quelquefois, que les mots qu'il prononce !
 

Personnellement, j'ai eu l'occasion de suivre deux psychothérapies jusqu'à présent : l'une avec un psychiatre qui misait plutôt sur la prise de médicaments et la lente réparation du temps pour atteindre notre objectif et l'autre avec une psychologue qui préférait parler, explorer, comprendre ce qui n'allait pas. La différence entre les deux approches (bien que le mieux-être fut au bout du chemin dans les deux cas), était phénoménale et m'a fait comprendre l'importance des émotions dans une relation thérapeutique. Aujourd'hui encore, je considère cette psychologue comme une des personnes les plus importantes de ma vie, une personne qui aura su me comprendre et me voir réellement telle que j'étais au-delà de mes difficultés existentielles. Le lien qui nous unissait et qui subsiste encore aujourd'hui, plus de dix ans après est unique, précieux et tout simplement indispensable pour la réussite d'une thérapie. En conclusion, on pourrait citer Barlow qui proposait que les thérapies du XXIème siècle soient émotionnelles ("Émotion et Psychothérapie" de Pierre Philippot p320).

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