L'invasion du plastique

Publié le par Sophie

infographie : Durée de biodégradabilité des déchets - kerkenniens.com

infographie : Durée de biodégradabilité des déchets - kerkenniens.com

L'utilisation de matières plastiques remonte à l'Antiquité : les hommes utilisaient les propriétés plastiques de la corne, des écailles de tortue, de l’ambre, du caoutchouc qui, chauffés et moulés, permettaient de fabriquer de nombreux objets. La mise au point des plastiques semi-synthétiques faits de polymères naturels modifiés commence fin 19ème et au début du 20ème siècle, de nouvelles matières plastiques entièrement synthétiques font leur apparition. Les besoins militaires pour les deux Guerres mondiales ont entraîné un développement industriel important dans cette chimie de synthèse si bien qu'avec les années 1950, la consommation de masse et la diversification créent une explosion des demandes et confortent l’essor de cette industrie nouvelle.

Longtemps considéré comme un matériau miracle aux propriétés infinies (propriétés thermiques, mécaniques, chimiques, solidité, résistance, légèreté, isolante, longévité, multi-usages, lavable, économique, facile à transformer, à mouler...), les industriels n'ont pas manqué d'exploiter le filon au maximum sans penser aux conséquences. Depuis 1950, l'homme a fabriqué 8.3 milliards de tonnes de plastiques divers et variés, soit l’équivalent du poids de 822.000 Tours Eiffel ou de 80 millions de baleines.

De nos jours, le plastique est partout, il envahit tous les domaines et fait partie intégrante de notre quotidien. On le retrouve dans le bâtiment, les travaux publics, les industries, la médecine, les transports, l'optique... Dans nos maisons, il est présent dans la cuisine (bouteilles, ustensiles, emballage, électroménager), le salon (ameublement, décoration), la salle de bains (accessoires et équipement), le garage et la voiture (pièces auto, matériel de bricolage), la salle de jeux (jeux et jouets des enfants), le dressing et le débarras (habillement, ameublement, rangement) et même dans nos loisirs (ballons, toboggans,  jeux) ou au jardin (luminaires, outils, balançoire, ameublement). Cette liste est loin d'être exhaustive, je ne pourrais citer toutes les utilisations du plastique tellement elles sont nombreuses... Essayez plutôt de trouver où il n'y en a pas !

Il faut savoir que de 1 million de tonnes en 1950, la production mondiale de plastique est passée à plus de 380 millions de tonnes en 2015, devenant le 3ème matériau le plus fabriqué par l'homme après le ciment et l'acier.

Avec le temps, les recherches, les études scientifiques, l'éveil de la sensibilité à l'écologie, l'évolution des mentalités, les bénéfices des matières plastiques ne parviennent plus à occulter le revers de la médaille et faire oublier l'effet dévastateur de l'invasion des plastiques sur l'environnement. En effet, étant non biodégradables, très peu recyclables et juste produit en trop grande quantité, les déchets plastiques génèrent une pollution massive, particulièrement inquiétante dans le milieu marin.

Dans les mers et les océans, le phénomène a atteint une telle ampleur qu'on parle aujourd'hui de "7ème continent", de "continent-poubelle". Ces énormes amas de déchets, essentiellement constitués de matières plastiques forment  d'immenses tourbillons (Vortex) aussi appelés gyres océaniques créés par les vents, les courants et le rotation de la Terre. Il y en a 5 principaux (2 dans l'Atlantique, 2 dans le Pacifique et 1 dans l'Océan Indien).

Le vortex le plus important, celui du Pacifique nord (couvrant 2.000.000 km²) a fait l'objet d'une expédition scientifique en 2014. L'équipe formée de professionnels de la mer, scientifiques, chimistes, photographes, biologistes marins était chargée d'explorer le vortex afin d'étudier et localiser les plastiques présents dans les océans. Les "Expéditions 7ème Continent" ont été reconduites cinq fois entre 2013 et 2019 afin d'étendre leur expertise aux 5 gyres existants. 

Comme vous pouvez le voir sur l'infographie en tête d'article, le plastique ne fait pas partie des bons élèves en matière de biodégradabilité, loin de là ! Il faut compter 400 à 450 ans pour qu'une bouteille en plastique se désagrège, idem pour une couche jetable. Pensez donc, il faut déjà 1 à 3 ans pour qu'un mégot jeté négligemment par-dessus l'épaule, disparaisse complètement... Sachant cela, je ne comprends pas qu'on puisse continuer à avoir ce genre de comportement irresponsable et jeter à tout vent !

Grâce à leurs expéditions, les scientifiques ont pu établir, de manière précise, les effets dévastateurs du plastique sur l'éco-système. Au fil du temps, il se désagrège en débris plus petits ou en micro-particules qui, pour les poissons, méduses, mollusques, crustacés, tortues et même les oiseaux marins, ont toutes les apparences de la nourriture. Ces plastiques, impossibles à digérer et difficiles à éliminer, s'accumulent dans leur estomac et finissent par leur être fatals. À l'échelle mondiale, on estime qu'environ 1 million d'oiseaux et 100.000 mammifères marins meurent chaque année de l'ingestion de plastiques.

Depuis que j'ai assisté dans un reportage je ne sais plus où une autopsie de poisson dont le ventre était rempli de plastique, je ne mange plus de poisson car n'oublions pas que, selon la loi de la chaîne alimentaire, si le poisson mange du plastique et que je mange le poisson, je mange du plastique ! Si ça réduit son espérance de vie, logiquement ça va diminuer la mienne aussi, non ?

Devant la gravité de la situation dénoncée régulièrement par les lanceurs d'alertes, divers organismes gouvernementaux ou non, l'ONU Environnement, les scientifiques et chercheurs, les associations de protection de l'environnement, les mouvements citoyens, écolos de tout bord et mécènes milliardaires s'associent pour lutter ensemble contre terrible fléau. Que ce soit par la mise au point de bioplastique fabriqué à base d'algues, de céréales et de végétaux, un changement législatif allant vers la criminalisation des actions de dégradation de l'environnement ou du bien commun qu'est l'océan, la fabrication de péniches-poubelles chargées de ramasser les ordures et de les acheminer vers les plateformes ou par des projets personnels comme le Projet Manta d'Yvan Bourgnon, chacun y met du sien pour le bien de l'humanité.

Si tout ça nous semble loin et qu'on pourrait être tenté de dire que ça ne nous concerne pas, rappelons que l'océan est un bien commun qui appartient à tout le monde et à personne, fournit du travail, de la nourriture, de l'électricité et toutes sortes de ressources sans lesquelles l'homme ne pourrait subsister.

Sources et infos complémentaires :

- Histoire du plastique
- Depuis 1950, l'homme a fabriqué 8.3 milliards de tonnes de plastiques - Le Monde juillet 2017
- Documentaire Arte "Le 7ème continent, les océans agonisent sous les déchets"
- Vortex de déchets du Pacifique nord - Wikipedia.fr

- Expédition 7ème Continent - Wikipedia.fr
- Bioplastique - toutvert.fr
- Projet Manta du naviguateur Yvan Bourgnon -Association The sea cleaners
-

Publié dans Planète écolo

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article