Qu'est-il arrivé aux danseurs fous de Strasbourg ?

Publié le par Sophie

"Die Wallfahrt der Fallsüchtigen nach Meulebeeck" - Tanzwut de Hendrik Hondius

"Die Wallfahrt der Fallsüchtigen nach Meulebeeck" - Tanzwut de Hendrik Hondius

Qu'on l'appelle manie dansante, feu de Saint Antoine, peste dansante, chorémanie, maladie de Saint Guy, l'épidémie de transe collective qui s'est abattue sur Strasbourg en 1518, suscite encore bien des questions et les différentes hypothèses qui ont été avancées pour l'expliquer ne suffisent pas vraiment à lever le voile qui entoure ce phénomène étrange.

Si tout a commencé comme un événement isolé avec le cas de Frau Troffea qui s'est lancée dans une danse frénétique ininterrompue pendant 4-6 jours au point de s'écrouler de fatigue, les talons en sang, les membres endoloris et le visage extatique, le mal s'est répandu rapidement, si bien qu'un mois après ce premier témoignage, on parle d'une centaine de cas similaires parmi les hommes, femmes et même les enfants de la ville.

J'ai eu l'occasion de lire "Les danseurs fous de Strasbourg" de John Waller, professeur à l'université, historien de la médecine et auteur de plusieurs livres autour des thèmes de l'histoire de la médecine, des maladies psychologiques. Même s'il a été contesté par la suite, qu'on peut douter de certaines sources et qu'il est à "prendre avec des pincettes" (comme le suggère Thomas Laurent dans la vidéo ci-dessous), j'ai beaucoup apprécié le tableau qu'il dresse de l'épidémie, du contexte général de l'époque, des conditions de vie à Strasbourg, de la main-mise de la religion, des superstitions et autres croyances qui fleurissaient alors.

Parmi les raisons données pour expliquer cette épidémie, on retrouve des explications fantasques et des éléments plus sérieux bien qu'insuffisants pour constituer une cause réelle : depuis la punition divine jusqu'à l'intoxication alimentaire liée à l'ergot de seigle en passant par une manifestation psycho-somatique des troubles psychologiques profonds du fait des conditions de vie difficiles (peste, extrême pauvreté, syphilis, instabilité politique et sociale, famine) ou la conséquence d'un échauffement du sang...

Je ne vais pas vous spoiler en vous donnant les conclusions du livre ni chercher à vous influencer d'une manière ou d'une autre, libre à vous de vous faire une opinion en parcourant les différentes sources qui abordent le sujet. Les quelques éléments cités à la fin de cet article sont loin d'être exhaustifs et ne sont là que pour vous donner envie d'en savoir davantage.

Pour ma part, les lectures et recherches effectuées m'ont laissées sur ma faim... Si je veux bien admettre que des facteurs psychologiques aient pu se manifester sous forme de manie dansante ou chorémanie chez l'un ou l'autre individu, il est tout de même difficile d'imaginer que ces troubles psychologiques produisent les mêmes effets chez une centaine d'individus. Danser sans s'arrêter n'est pas un symptôme courant, avouons-le...

Et vous, qu'en pensez-vous ? N'hésitez pas à laisser vos commentaires !
 

Sources et informations complémentaires :

- Épidémie dansante de 1518 - Wikipedia
- "Les danseurs fous de Strasbourg" de John Waller - La Nuée Bleue 2016
- L'épidémie de danse à Strasbourg - vidéo Youtube de Thomas Laurent

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